La société Unseenlabs développe une expertise en géolocalisation des navires depuis l’espace. Grâce à sa propre constellation de satellites, elle sait identifier les navires qui échappent aux systèmes de surveillance maritime traditionnels. Assureurs et opérateurs de la supply chain profitent de facto de la technologie des données radiofréquence (RF) pour enrichir leurs bases d’informations.
En théorie, la circulation des navires civils internationaux fait l’objet d’une relative transparence via des sites agrégeant les données émanant des systèmes d’identification automatique (Automatic Identification System, AIS), le système d’échanges automatisés de messages entre navire par radio VHF qui permet aux navires et aux systèmes de surveillance de trafic (les Cross en France, Centre régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage) de connaître l’identité, le statut, la position et la route des navires se situant dans la zone de navigation. Un dispositif rendu obligatoire par l’Organisation maritime internationale (OMI) en 2004. En pratique, la géolocalisation et la traçabilité des bâtiments dans les mers et les océans est moins transparente voire opaque. Pour preuve, des images satellites réalisées par l’ONG Global Fishing Watch et des chercheurs de plusieurs universités américaines ont été publiées dans un article de Nature (1) le 3 janvier. elles montrent la concentration extrême de navires de toutes sortes – de pêche, de transport de marchandises ou de passagers, d’installations pétrolières, et de parcs d’éoliennes près des côtes. Des centaines de milliers de bateaux apparaissent sous forme de points bleus lorsqu’ils sont identifiables grâce à leur balise AIS. Sont représentés en rouge ceux qui ne l’activent pas. Ces « dark vessels » ou « vaisseaux muets/non coopérants » sont extraordinairement nombreux et représentent d’après l’ONG environ 70 % des bateaux de pêche industrielle. À titre de comparaison, 25 % des autres catégories de bâtiments naviguent sans leur système d’identification automatique AIS.