La place de marché londonienne reste indispensable à l’industrie, notamment sur les risques de pointe et les grands programmes, mais son quotidien est particulièrement chamboulé ces derniers mois. De profondes réformes sont à l’œuvre.
journaliste
En apparence, le Lloyd’s a conservé son ambiance à la fois fourmillante et feutrée, les syndicats leurs tables carrés venues tout droit des box du café d’Edward Lloyd’s et les courtiers leurs tabourets, forcément plus bas que les chaises de leurs interlocuteurs. Pourtant, derrière les chaussures noires obligatoires et les « waiters » en tenue d’apparat perce une certaine tension. Outre des résultats 2017 et 2018 défavorables, les incertitudes du Brexit ont réorganisé l’institution. Jusqu’en janvier 2017, le Lloyd’s, dont les représentants avaient clairement pris position contre le Brexit pendant la campagne référendaire, ont souligné l’importance du passeport financier européen permettant la libre prestation de services au sein de l’Espace économique européen, soit la faculté, pour un assureur d’un état membre, de proposer un contrat d’assurance sur le territoire d’un autre état membre sans y être établi. L’Union européenne, hors Royaume-Uni, représente 13 % de l’activité du Lloyd’s en 2018 (et près de 11 % des capitaux). Mais Theresa May, la chef du gouvernement britannique, a rapidement douché ces espoirs.
Le marché de Londres a alors pris la décision d’opter pour une solution de secours permettant de parer à toutes les éventualités, y compris le « no deal ». Ce sera l’ouverture d’une filiale à Bruxelles, la Lloyd’s Insurance Company, placée sous l’autorité du régulateur belge et chapeautant désormais les dix-neuf succursales européennes du Lloyd’s. « La société sera en...