Le retour à la réalité a été difficile pour les opérateurs du « NewSpace » qui se sont vu rappeler que la piste aux étoiles était une industrie risquée mais aussi pleine de promesses pour les assureurs.
2022 a été marquée par une série d’échecs au lancement, une douzaine sur 182 à travers le monde, dont l’explosion du lanceur Vega-C opéré par Arianespace, l’échec de la capsule New Shepard de la compagnie Blue Origin destinée au tourisme spatial, puis les ratés successifs des sociétés de lancements (iSpace en Chine, Astra et Firefly aux États-Unis). Plus récemment, l’échec du lundi 9 janvier 2023 a déçu les espoirs du Royaume-Uni. Le lancement de la première fusée dans l’espace depuis le sol britannique, opérée par Virgin Orbit, devait mettre en orbite neuf satellites, à usages civil et militaire, et permettre au Royaume-Uni de faire partie du club fermé des pays lanceurs.
« Le spatial, encore plus que l’aviation, est une branche à l’équilibre primes/sinistres précaire, car il y a très peu d’événements à assurer. Il y a en moyenne vingt-cinq lancements assurés par an. Il est donc facile de passer d’une année sans aucun sinistre à une année avec un S/P à 300 %. Cette volatilité est sans commune mesure même dans les branches grands risques les plus volatiles comme l’aviation », décrypte Bruno Bajard, directeur spécialités de Marsh France. « L’assurance spatiale est un peu la limite du concept d’assurance qui nécessite normalement un portefeuille de risques suffisant pour les mutualiser », complète Pascal Lecointe, expert spatial d’Hiscox. Les sommes engagées sont par ailleurs plus importantes. Le prix de certains satellites atteignant des centaines de millions d’euros, l’échec d’un ou deux lanceurs est susceptible de consommer l’intégralité de la prime annuelle du marché, de 560 M$ en 2022.