Le vol de fret, le cyber et les risques liés à la guerre en Ukraine plongent transporteurs et logisticiens dans un dilemme. Comment arbitrer entre une inflation galopante et des risques qui génèrent des préjudices économiques colossaux ? Si les bonnes pratiques et les outils technologiques sont des prérequis, (ré)assureurs et courtiers permettent-ils aux décideurs d’avoir une vision globale de leurs risques ?
Les chaînes d’approvisionnement sont-elles condamnées à gérer des crises à répétition toujours plus complexes ? Depuis la pandémie et le début de la guerre en Ukraine en février 2022, les flux de marchandises (transport routier, maritime et aérien) sont soumis à des risques émergents dont on mesure encore mal les conséquences. Tout se passe comme si la thèse du philosophe Nassim Nicholas Taleb dans son livre Le Cygne noir consacré à la puissance de l’imprévisible se concrétisait dans l’économie réelle. « Événements climatiques extrêmes, perturbations continues de la chaîne d’approvisionnement, crise énergétique en Europe… Sur fond de volatilité en augmentation et d’inflation élevée, nous restons plus que jamais résilients face à des crises qui se superposent là où elles se succédaient par le passé, admet Mathieu Daubin, Chief Underwriting Officer Marine Europe APAC chez Axa XL. L’industrie du shipping n’a pas été épargnée et le conflit a exacerbé les difficultés d’approvisionnement, l’engorgement des ports et la crise des équipages causée par la pandémie de Covid-19. » S’agit-il de risques émergents majeurs ou de tendances ? « Il s’agit plutôt de tendances qui se confirment et que nous allons suivre avec attention : baisse du dynamisme du commerce mondial dont l’impact sur les volumes assurés transport sera sensible ; inflation qui approche des niveaux jamais vus depuis quarante ans et qui mécaniquement alourdit la charge sinistres ; navires en chargement toujours bloqués et qui pourraient être potentiellement sinistrés, augmentation du risque cyber liée aux nouvelles formes de confrontations "hybrides" entre les États », décrypte-t-il.