Toufik Gozim, cofondateur d’Assurly

« Assurly se lance sur l'assurance de prêt étudiant »

Publié le 18 janvier 2024 à 9h00

Louis Johen    Temps de lecture 4 minutes

Après s’être lancé sur l’assurance emprunteur des crédits immobiliers, Assurly débarque dans l’assurance emprunteur des prêts étudiants. Une première pour un acteur alternatif. Le cofondateur d'Assurly, Toufik Gozim, répond à nos questions.

Quel est le profil du marché de l’assurance des prêts étudiants ?

On estime que 300 000 étudiants en France font chaque année la demande d’un crédit pour financer leurs études. C’est un marché qui connaît une croissance d’environ 5 % et près de 3 millions de prêts étudiants sont en cours. Le montant moyen de ces prêts est estimé à 25 000 € mais peut aller jusqu’à 70 000 € pour les grandes écoles. En France, seuls 10 % des étudiants ont recours à un crédit pour leurs études. C’est un chiffre assez faible comparé à d’autres pays européens comme la Suède ou l’Allemagne, où la proportion peut monter à 80 %.

Comment est structuré ce marché et quelle différence comptez-vous faire ?

Aujourd’hui, les seuls acteurs qui existent sont les banques qui proposent le crédit. C’est un marché fermé depuis longtemps et si les taux proposés pour le crédit sont intéressants, les prix de l’assurance associée sont exorbitants. Pour le moment, c’est le régime Bourquin qui fait loi en matière de résiliation, mais nous avons bon espoir que l’assurance des prêts étudiants rentre un jour dans le périmètre de la loi Lemoine. Il s’agirait d’une évolution normale, surtout lorsque nous montrerons le delta qu’il peut y avoir entre les tarifs proposés par les banques et ceux d’Assurly.

Justement, de quel écart parle-t-on ?

Nous sommes encore en train de finaliser les tarifs avec nos réassureurs. Ce sont des éléments que je ne peux pas encore partager mais nous les communiquerons quand nous lancerons le produit. Ils seront très compétitifs.

Pourquoi, après l’assurance emprunteur des crédits immobiliers, avoir choisi cette diversification ?

Lorsque Assurly s’est lancé sur l’assurance emprunteur en immobilier, nous pensions que notre positionnement de start-up orientée sur la Tech et le mobile allait attirer une clientèle jeune. Ce n’est pas le cas. La moyenne d’âge de nos assurés est de 39 ans avec un scope très large puisque le plus jeune de nos clients a 20 ans et le plus âgé a 64 ans. Avec l’assurance emprunteur des prêts étudiants, nous pouvons mettre notre moteur de calcul, nos datas et nos services à disposition d’une population qui a besoin de gain de pouvoir d’achat. On parle beaucoup de la misère étudiante et les tarifs que nous allons proposer généreront une économie suffisamment importante pour les inciter à changer. Nous partons aussi de l’hypothèse qu’aller chercher des étudiants, c’est également aller chercher les emprunteurs de l’immobilier de demain. Aux clients qui auront fait confiance à Assurly pour l’assurance de leur prêt étudiant, nous aurons suffisamment de datas pour ne pas avoir à leur poser de questions de santé pour la souscription d’une assurance emprunteur. C’est une réponse à l’objectif d’étendre la suppression du questionnaire de santé grâce à la connaissance du client. 

Vous évoquez également des services associés à l’assurance. Quels sont-ils ?

L’objectif n’est pas seulement d’avoir des tarifs compétitifs. C’est aussi d’offrir des services à la population étudiante. C’est pour cela que nous lançons Assurly Care, une application mobile d’accompagnement sur différents sujets comme le juridique ou la nutrition. Tout cela fait partie d’un package qui participe à notre vision de l’assureur pas uniquement là pour assurer le risque. C’est aussi une manière de boucler la boucle sur le sujet des données : en offrant des services, nous recueillons de la data qui nous permet de calculer le risque sans avoir à poser de questions. Nous n’inventons rien : c’est ce que font les GAFA dans d’autres secteurs.

Comment l’activité assurance emprunteur d’Assurly a-t-elle évolué dans le contexte de resserrement du marché des nouveaux crédits immobilier ?

La crise immobilière impacte la croissance des nouveaux crédits, mais il ne faut pas oublier que 22 millions de français ont un crédit immobilier en cours et qu’environ 80 % d’entre eux restent assurés chez des bancassureurs où ils paient des tarifs deux à trois fois trop chers. Nous allons moins chercher des nouveaux clients en délégation, mais la substitution demeure très dynamique.

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