Reportage

Dans le grand bain du big data

Publié le 14 décembre 2022 à 9h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 4 minutes

Alors que les réglementations évoluent et que les méthodes actuarielles se complexifient, l’intelligence artificielle qui permet de mieux comprendre et évaluer le risque s’immisce dans la recherche d’équilibre des assureurs. Le cabinet d’actuariat conseil Galea & associés lance son Data Lab pour appliquer la Data Science à la gestion des risques.

Pour prendre le virage stratégique de l’utilisation de la donnée, le cabinet d’actuariat conseil Galea & associés sort son joker. Sept experts ont été formés et recrutés expressément pour le Data Lab, une cellule d’expertise mise à disposition des organismes d’assurance et des services RH des entreprises. « Nos réflexions ont débuté en 2016. La Data Science en actuariat n’était pas encore enseignée mais l’on commençait à en entendre parler. Nous nous sommes dit qu’il fallait être présents sur ce sujet qui montait en puissance rapidement. Nous avons fait évoluer nos pratiques en interne, nous avons investi dans des formations, recruté des profils spécialisés et investi dans des projets de thèses », raconte Norbert Gautron, président de Galea. Puis, ce qui a débuté par un groupe de travail interne est ensuite devenu une cellule opérationnelle durant l’automne. « Les grandes compagnies d’assurance sont bien équipées pour le traitement et l’exploitation de leurs données mais nous nous sommes rendus compte que les acteurs plus petits pouvaient avoir besoin de notre expertise, construite sur-mesure ces dernières années », poursuit Léonard Fontaine, associé, Data Scientist. Un des défis auxquels sont confrontés les assureurs pour pérenniser leur modèle est la prédiction de la consommation de leurs assurés et plus généralement de leur comportement. À ce titre, l’équipe du Data Lab propose de collecter leurs données clients, de les centraliser, les fiabiliser, les structurer pour ensuite les restituer de façon intelligible. « Nous avons par exemple été sollicités par un assureur pour mettre en place une méthode de machine learning dans une optique de fidéliser ses assurés (prédiction des résiliations, identification des profils type, etc.). Des téléconseillers ont ensuite été dépêchés pour lancer une campagne d’appels auprès des profils que nous avions identifiés », déclare Alexandre Eby, responsable du Data Lab, Data Scientist et Business Strategist.

Si la collecte des données représente 70 % du travail, la véritable star est la datavisualisation, ou dataviz pour les intimes. « Elle remporte un gros succès auprès de nos clients. Nos outils de visualisation leur apportent les indicateurs utiles au pilotage de leur activité (objectifs financiers, accompagnement RH, par exemple) et les centralisent au même endroit, sous forme de tableaux de bord interactifs », détaille Maud Vannier-Moreau, directrice générale. Les clients sont ensuite formés à son utilisation. « Sur le terrain, c’est-à-dire une fois installés derrière les écrans de nos clients, notre expérience d’actuaire nous permet de reconnaître les données et les indicateurs pertinents à récupérer. Et il arrive aussi que nous mettions en lumière des problématiques que n’avait pas relevé le client », explique Irchad Mamode Valjee, Data Scientist et Business Strategist, membre du Data Lab.

Opportunités réglementaires

En poursuivant l’objectif d’avoir toujours un coup d’avance technologique, le cabinet s’assure une position stratégique face aux évolutions réglementaires. Les changements législatifs comme la loi Lemoine ou la résiliation infra-annuelle des contrats santé créent de nouveaux besoins. « Nous travaillons beaucoup sur les sujets emprunteurs. Les prédictions liées à la suppression du questionnaire médical ont été complexes puisque nous n’avions pas de visibilité mais avec les premiers retours de la part des assureurs, nous appliquons dès à présent notre méthode pour anticiper le comportement des emprunteurs. La loi Lemoine a indéniablement créé des opportunités pour le Data Lab », confie Norbert Gautron.

Cela s’applique également aux craintes relatives à la remontée rapide des taux. « Toute la question est de savoir comment vont réagir les épargnants. Vont-ils préférer les unités de compte aux fonds euros ? Choisir un livret A plutôt qu’une assurance vie ? Certains assureurs viennent nous voir spontanément pour les aider dans leurs projections mais pour d’autres, c’est à nous d’aller les chercher sur ces sujets », poursuit un collaborateur.

L’activité Data Lab réalise entre 5 à 10 % du chiffre d’affaires du cabinet et vise à l’horizon 2024 une croissance annuelle d’au moins 8 %.

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