Henry de Courtois, directeur général de Direct assurance

« Direct assurance est l’assureur du pouvoir d’achat »

Publié le 26 janvier 2023 à 9h00

Stéphane Tufféry    Temps de lecture 5 minutes

Bilan 2022 et perspectives de Direct assurance avec son nouveau directeur général, Henry de Courtois, à la tête de la filiale directe d’Axa France depuis l’été dernier.

Quel est l’état de l’art chez Direct assurance dont vous avez pris les rênes voilà six mois ?

Direct assurance qui fêtait ses trente ans l’an dernier connaît une croissance rentable depuis l’origine. C’est un assureur solide, complet et autonome que je connais très bien puisque précédemment j’ai occupé le poste de directeur technique et sinistres. J’ai ensuite rejoint Axa UK Direct and Partnerships, puis dirigé la filiale directe d’Axa en Pologne avant d’être en charge du marché IARD particulier professionnel d’Axa France.

La croissance a aussi été au rendez-vous de 2022 avec un chiffre d’affaires de près de 670 M€ (+5 %) et plus de 100·000 nouveaux contrats. Notre portefeuille compte 1,5 million de contrats (1,15 million de contrats auto et 350 000 contrats MRH) ; plus récemment, nous avons développé une offre santé et l’assurance des deux-roues.

Quels sont vos résultats techniques après un exercice marqué par la forte sinistralité climatique ?

Direct assurance a quelques particularités dans ses portefeuilles et dans son modèle d’affaires qui lui permettent d’afficher un ratio combiné 2022 inférieur à 97 %, qui nous apparaît être l’un des meilleurs du marché sur la partie auto. La composante frais généraux du ratio combiné est à peine supérieure à 20 %, ce qui en fait un taux parmi les plus bas du marché. Une part significative de notre gestion est réalisée depuis le Maroc et c’est l’une des composantes de notre compétitivité.

Concernant nos portefeuilles et nos ratios sinistres à primes (S/P), nous affichons un S/P autour de 75 % en auto et de seulement 65 % en MRH en dépit des catastrophes naturelles de 2022 et en particulier de la grêle qui a lourdement concerné la profession. Dans les deux cas, nous avons tenu nos objectifs 2022.

En dehors de ces particularités, nous sommes, comme tous les assureurs dommages du particulier, affectés par l’inflation du coût moyen des sinistres qui s’est véritablement envolée l’an dernier. Grâce aux synergies mises en place avec notre maison mère Axa France, nous parvenons à mutualiser le recours aux prestataires extérieurs, tels les garagistes ou les artisans du bâtiment.

Quelle est votre politique tarifaire pour 2023 ?

La profession s’est engagée à faire progresser les tarifs des assurances auto et habitation à un niveau moindre que l’inflation et Direct assurance, dont l’ADN est depuis toujours d’être l’assureur du pouvoir d’achat, respectera ces engagements de la profession. Pour autant, les hausses sont inévitables, ce que je souhaite c’est qu’elles soient lissées dans le temps, sans à-coup, et le plus modérées possible. Direct assurance est bien positionné sur le plan tarifaire et j’entends améliorer le différentiel de prix avec la concurrence pour rester l’assureur le moins cher du marché sans concéder quoi que ce soit sur la qualité.

Comment comptez-vous y parvenir ?

Nous ne partons pas d’une feuille blanche, le modèle de Direct assurance est particulièrement efficace. Concrètement et comme je vous l’indiquais à l’instant, nous capitalisons sur la force de frappe de notre maison mère, avec un réseau de 1·600 garages services, ainsi qu'avec la mise en place récente d’une centrale d’achat de pièces détachées auto commune. Sur les cinq dernières années, et pour 40 % des sinistres auto que nous gérons, nous arrivons à mettre d’autres pièces (réemploi, équipementiers) que celles des constructeurs, les plus coûteuses. C’est un bon taux que nous pouvons encore améliorer pour tirer nos coûts à la baisse. En habitation, nous poussons le gré à gré pour éviter la dérive des coûts de réparation et là encore nous partageons notre réseau d’artisans avec Axa France.

Quels sont les grands axes de votre feuille de route ?

Étant donné le contexte inflationniste, être l’assureur du pouvoir d’achat nous positionne idéalement pour poursuivre notre développement. C’est ma priorité, doubler la croissance pour la porter à un rythme annuel de 10 %. Il faut pour ça multiplier l’apport net actuellement de 70 000 contrats auto et MRH.

Les deux autres priorités de ma feuille de route concernent la qualité de services et l’innovation, dans l’ADN de l’entreprise. Là encore Direct assurance ne part pas d’une feuille blanche avec notre solution YouDrive de Pay How You Drive disponible depuis six ans pour les jeunes conducteurs de 18 à 25 ans et que nous allons ouvrir plus largement. Nous allons continuer de porter des projets innovants pour nos clients tels que le gré-à-gré en auto en s’appuyant sur l’intelligence artificielle au service de la gestion de sinistres, et continuer à favoriser l’utilisation des pièces de réemploi.

Enfin, Direct assurance se positionne comme l’assureur du quotidien, c’est pour cela que nous avons étoffé notre gamme de produits avec une offre de complémentaire santé individuelle, co-construite avec Axa et que nous distribuons depuis un peu plus d’un an. À fin 2022, nous disposions de plus de 10 000 contrats en portefeuille, nous allons monter en puissance sur ce sujet.

Nombre de néo-assureurs ont émergé ces dernières années sur votre marché du direct, que vous inspire cette concurrence ?

Je suis admiratif de leur parcours client, très bien pensé en général ; c’est un élément qui nous a poussé à nous réinventer et à repenser notre propre expérience utilisateur (UX). Je suis plus dubitatif sur leur modèle de développement, axé sur d’importantes levées de fonds qui ont contribué à faire exploser les coûts d’acquisition, notamment ceux des leads sur Internet. Enfin, la technique n’est pas toujours leur fort et certains affichent des prix extrêmement agressifs dont je doute qu’ils leur permettent de s’inscrire dans la durée.

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