ART (Transfert alternatif des risques)

L’outil Cat Bond mobilisé dans la lutte contre le dérèglement climatique

Publié le 24 avril 2023 à 13h30

Lucas Patriat    Temps de lecture 4 minutes

Les Cat Bonds permettent d’attirer des capitaux des marchés financiers, en complément de ceux de la (ré)assurance, pour couvrir des événements catastrophiques.

Lucas Patriat

Avec près de 39 Md$ de capitalisation, le marché des Cat Bonds reste modeste comparé aux 500 à 600 Md$ de capitaux du marché de la réassurance. Mais ces obligations catastrophes constituent un apport stratégique à une époque où les événements catastrophiques se font plus fréquents et plus graves.

Les États-Unis, principaux bénéficiaires

Le fonctionnement est simple. Le sponsor (qui est souvent une compagnie de (ré)assurance) crée une structure financière, un special purpose vehicule, dans lequel les investisseurs vont verser un capital. La durée moyenne d’un Cat Bond est de trois à cinq ans, durant lesquels le sponsor va verser des premiums, et les investisseurs récolter des intérêts. Si tout se passe bien, qu’aucun événement ne s’est déclaré sur la période, les investisseurs récupèrent leur capital à la fin du contrat. Mais si un événement survient, alors ces derniers perdent tout ou partie du capital qui est reversé au sponsor.

Il existe trois types de Cat Bonds, selon le critère qui va déclencher le paiement du capital. Indemnity : le plus fréquent (62 % des Cat Bonds) ressemble à une police standard de (ré)assurance puisque c’est le sinistre réel qui est payé ; Industry loss : déclenché quand la perte globale de la réassurance atteint un seuil prédéfini ; et Parametric : le moins fréquent (5 % des Cat Bonds), qui se déclenche lorsqu’un paramètre mesurable est constaté à un endroit précis – par exemple une certaine magnitude d’un tremblement de terre ou la vitesse du vent dans un ouragan.

Dans la répartition des risques couverts, les États-Unis se taillent la part du lion (pour les tremblements de terre, les ouragans, les inondations), mais on trouve également des Cat Bonds dédiés aux inondations en Europe ou aux tremblements de terre au Japon. Certains sont dédiés à d’autres types d’événements, comme le terrorisme, le cyber ou les pandémies.

Les premiers Cat Bonds sont apparus au milieu des années 1990, après l’ouragan Andrew. Le marché connaît depuis une forte croissance pour atteindre un niveau record en 2023 avec 38,8 Md$. La tendance pour les nouvelles souscriptions, selon DBRS Morningstar, est une stabilisation autour des 10,5 Md$ de 2022, en retrait par rapport au record de 14 Md$ de 2021.

Un outil fiscal pour les gouvernements

Les catastrophes naturelles, au-delà du drame humain, représentent un coût économique et fiscal pour les États. La reconstruction demande d’engager des fonds à un moment où les revenus fiscaux sont susceptibles d’être affectés par la catastrophe. Les Cat Bonds offrent un moyen d’anticiper ces coûts, surtout pour les pays à revenu moyen ou faible.

Le Chili présente un bon exemple d’une stratégie nationale face aux tremblements de terre. Il a mis en place un plan à trois niveaux : pour les événements fréquents mais peu coûteux, il considère que les ressources seront disponibles au Trésor ; pour les événements moyens, il est en train de mettre en place un fonds spécial ; pour les événements rares mais de grande ampleur, il a lancé, avec l’aide de la Banque mondiale, un Cat Bond paramétrique de 630 M$, qui se déclenche selon la magnitude et la localisation du tremblement de terre.

Ce type de Cat Bond souverain est systématiquement soutenu par la Banque mondiale (celui du Chili est le plus gros jamais émis par l’institution). Il permet d’aider à contourner les principaux obstacles à la création de ces véhicules : le coût élevé des transactions, la complexité des modèles catastrophes, et la faiblesse de la base investisseurs.

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